A l'origine, on voulait copier le savoir-faire asiatique dans la confection de la porcelaine fine et translucide que Marco Polo avait ramenée de retour d'un de ses voyages en Chine. La découverte du kaolin a donc permis de percer le secret de cette porcelaine dure.
C'est en 1768 que le chirurgien Jean-Baptiste Darnet découvre, par hasard, un gisement à Marcognac à proximité de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne. La carrière est rachetée en 1769 par le roi Louis XV. Cette découverte engendre la production de la porcelaine de Limoges qui connaît un essor dès le XIXème siècle, pendant la Révolution Industrielle, et assure sa notoriété à travers le monde. La carrière de Marcognac n’est pas la seule à être exploitée dans la région, à l'instar de celles des monts d'Ambazac, du plateau de Bénévent-l'Abbaye ou encore dans les Monédières en Corrèze, mais elle est la plus importante, pérenne et utilisée dans l'industrie porcelainière.
Ce site à ciel ouvert, classé Monuments Historiques en 2002, est la première carrière de kaolin exploitée dans la région. Elle fournit la manufacture royale de Sèvres dès la fin du XVIIIème siècle.
Regorgeant de filons abondants et de très bonne qualité, elle est exploitée pendant presque deux siècles par la famille Alluaud-Vandermarcq et notamment par François Alluaud, ingénieur du Roi, directeur de la manufacture royale de Limoges et futur maire de Limoges. La production sur ce site cessera vers 1976.
Aujourd'hui, le site de Marcognac est ouvert au public à travers des visites guidées ou animées par des artisans. Le visiteur peut retracer les différentes étapes de l'extraction du kaolin grâce aux bâtiments encore présents comme la forge, la menuiserie, les bâtiments de stockage, tirage et séchage de la roche ou l'écurie pour les bœufs et les chevaux qui aidaient dans le transport des sacs de roche.
Ce site permet de transmettre l'histoire de ces lieux, de cette production qui a marqué l'industrie de la région, mais aussi les conditions de la vie ouvrière.
Les conditions étaient très rudes et intenses pour ces travailleurs qui extrayaient le kaolin à la main. Dès l'adolescence, vers 14 ans, on venait travailler dans les carrières. Les hommes piochaient les parois pendant des heures et déposaient la roche dans des caisses en bois. Ces dernières, qui pouvaient contenir 10 kilos de roches, étaient alors transportées par les femmes, soit à la force de leurs bras, soit à l'aide de chariots ou de chevaux, et ce environ 10 heures par jour.
C'était un travail peu qualifié où l'on embauchait simplement pour la force et la résistance physique. La rémunération était faible, entre 1.50 et 2 francs par jour pour les hommes, moins de 1 franc pour les femmes et 0.50 franc pour les enfants. De nombreux décès prématurés étaient constatés, dus le plus souvent à l'inhalation de poussières.
Pour ce qui est du site de Marcognac, la famille Alluaud fit construire des logements pour ses ouvriers et contremaîtres. C'était une « petite cité ouvrière » où sept familles habitaient, disposant d’un four à pain, d'un puits et d'un atelier de couture qui témoignent encore aujourd'hui de cette organisation sociale. Menuisier, forgeron et charron vivaient également à proximité car leur travail était essentiel pour l'entretien et le maintien des bâtiments et des outils.
Au hameau du Daumail, dans un site inscrit et remarquable du Val de Vienne, à proximité de Saint-Priest-Sous-Aixe au bord de la Vienne, se trouvent des moulins à cailloux qui fournissaient la pâte de kaolin.
Au XIIIème siècle, il ne s'agissait que d'un seul moulin à farine, qui est scindé en deux parties plus tard et qui donne lieu à trois siècles de rivalités entre les deux familles propriétaires. C'est au XIXème siècle qu'ils sont alors reconvertis en moulins à cailloux pour la nouvelle industrie de la porcelainière en plein essor.
Aujourd'hui, les deux moulins sont de nouveau réunis et ont été réhabilités en résidence hôtelière et en musée. Des visites guidées et des expositions sont proposées afin de faire découvrir ce patrimoine aussi bien architectural que culturel et social.
© Un article de Mathilde Giovanni - Détours en Limousin
Crédits photos : Wikimedia Commons et Moulin du Daumail
Publié le : 17 mai 2016
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