C'est en avril 1806 que le cimetière de Louyat est consacré par l'évêque de Limoges. Ce nouveau cimetière se trouve à l'extérieur de la ville comme le veut l’Édit royal de 1776, dans un soucis de santé publique. A cette époque, Limoges compte environ quinze cimetières comme par exemple celui du parvis de Saint-Pierre-du-Queroix, où se tient également un marché. Appliquant au compte goutte l’Édit royal, il est interdit d'inhumer à l'église Saint-Michel-des-Lions dès 1796 et peu à peu les cimetières sont inutilisés, détruits et les tombes déplacées. Le dernier cimetière à être utilisé est celui du Champ-de-foire. La création du cimetière de Louyat est presque novatrice pour l'époque : il se trouve hors de la ville et au nord pour éviter les vents contraires, il est entouré de murs et on y plante des arbres et autres végétaux. Aujourd'hui, ce cimetière couvre environ 35 hectares, alors qu'à l'origine la ville n'achète que 9 hectares, et compte près de 40 000 sépultures.
Dans le cimetière de Louyat, le blanc de la porcelaine contraste avec le gris du granite des tombes. C'est à partir de 1820 que l'on voit apparaître la porcelaine dans le cimetière, sur les plaques ou les assiettes en l'honneur des défunts. Sa plasticité, sa résistance et sa couleur permettent une grande diversité de l'art funéraire. Les porcelaines dédiées au funéraire sont d’abord utilisées par la bourgeoisie, notamment les notables. Puis, elles sont adoptées par les classes moyennes et rapidement par les classes populaires. Les ouvriers les utilisent pour écrire l'épitaphe d'un collègue ou d'un membre de leur famille. Cela montre la démocratisation de ce matériau, à l'origine de luxe. A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, des photographies sont mises sur les porcelaines. A cette époque, les représentations de la mort sont parfois évoquées sans détour, illustrées par des têtes de mort, des faux ou encore par les défunts sur leur lit de mort. Jusqu'alors, ces productions sont personnalisées, mais à partir de 1860-1870, des ateliers se spécialisent et produisent à la chaîne. Avec la Première Guerre mondiale, cet art funéraire se généralise, et les reproductions sont plus stéréotypées et dupliquées en masse.
Le cimetière de Louyat renferme une véritable richesse en matière d'architecture et de décoration funéraire, on peut y découvrir la porcelaine à travers l'art funéraire. La porcelaine est peinte pour la sublimer avec des décors floraux, des anges, des couleurs et des traits d'or. C'est donc un savoir-faire qui se traduit dans ce lieu, l'histoire du passé glorieux de l'industrie porcelainière de la ville, les innovations techniques, les courants artistiques, mais aussi les croyances et le rapport à la mort. Les plaques et assiettes en porcelaine qui habillent de blanc le cimetière témoignent de l'histoire des défunts et de l'histoire de la ville.
Petite anecdote, le film Ceux qui m'aiment prendront le train, de Patrice Chéreau, a été en partie tourné dans le cimetière de Louyat à Limoges.
Parmi les personnalités enterrées au cimetière de Louyat figurent :
Il est possible de visiter le cimetière. Un plan est disponible à l'entrée du cimetière ou à l'Office du Tourisme et propose trois circuits : celui des personnalités, celui des militaires et celui des monuments.
Derrière le cimetière se trouve le parc de l'Aurence, entre parc animalier et espace forestier. C'est un endroit agréable et propice aux balades au bord du cours d'eau qui y serpente.
Renseignements pratiques sur le cimetière de Louyat sur le site ville-limoges.fr
© Un article de Mathilde Giovanni - Détours en Limousin
Crédits photos : Mathilde Giovanni
Publié le : 03 juin 2016
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