C’est en limousin qu’on trouve la plus forte concentration de lanternes des morts en France. Les départements de la Creuse et de la Haute-Vienne en dénombrent une vingtaine à eux deux. La lanterne des morts est un édicule (une petite construction) en pierre de différentes formes. Elle se compose d’une tour creuse coiffée d’un pavillon ajouré.
La lanterne des morts apparaît en France à l’époque romane. La plupart d’entre elles datent donc des XIIème et XIIIème siècles. Elles sont concentrées géographiquement dans le centre-ouest de la France. Leurs origines restent mystérieuses. Elles sont, en effet, associées au christianisme, mais on s’interroge sur des racines liées à un culte celtique ou oriental. On les retrouve essentiellement dans les cimetières et près de l’église. Bien que leur nature religieuse soit évidente, le débat est ouvert sur leurs fonctions précises.
La lanterne des morts serait un gage de protection divine. La lumière, qu’elles émettent, symbolise la lumière divine ou celle du Christ. Cette lumière protège et guide les fidèles. Elle est opposée aux ténèbres où œuvrent le diable et ses démons. Ainsi la lanterne des morts, qui brille la nuit dans les cimetières, veille sur l’âme des défunts qui attendent leur salut. La lanterne des morts préserve également les vivants de l’apparition de revenants, favorisée par la nuit. Vers le XIIème siècle, le cimetière devient un lieu dangereux, surtout la nuit. C’est le lieu de transition entre le monde des vivants et le monde des morts. Les récits de phénomènes surnaturels survenus dans les cimetières sont nombreux à cette époque. La lanterne des morts, porteuse de la lumière divine, lutte donc contre ces manifestations surnaturelles d’origine démoniaque. Pour les voyageurs ou les villageois qui se déplacent la nuit, elle marque l’emplacement du cimetière, et leur permet de le traverser en sécurité ou de l’éviter. Cette hypothèse, la plus probante, est loin d’être la seule. La lanterne permet également aux âmes des revenants, qui partent du cimetière la nuit pour hanter les vivants, leur reprochant souvent de ne pas assez prier pour eux, de retrouver leurs tombes avant l’aube. Les lanternes auraient également accompagnées les pèlerins, allant à Saint Jacques de Compostelle, en jalonnant leur route de leurs lumières bienveillantes. Certaines se retrouvent en effet sur les itinéraires menant à Compostelle mais ce n’est pas une généralité.
La lanterne des morts se compose toujours d’une tour avec au sommet un pavillon qui accueille la lampe, mais la forme de l’ensemble varie. Ainsi le corps de la lanterne des morts, la tour, peut être une colonne ou un faisceau de colonnettes. Elle aura alors une forme circulaire. Il existe également des corps qui sont carrés ou polygonaux. Le toit est formé d’un cône, d’un clocheton à écailles ou d’une pyramide. Il est surmonté d’une croix. L’intérieur de la tour est creux, une petite porte à la base en permet l’accès. Grâce à un escalier, pour les lanternes les plus importantes, ou à de simples encoches, un homme peut atteindre le haut de l’édifice, et y fixer une lampe, au moyen d’un crochet. Certaines lanternes sont équipées de poulies afin d’hisser la lampe au sommet. La taille importante des lanternes les distingues des tombes voisines. Elles sont de ce fait visibles de loin.
Les lanternes des morts de la Haute-Vienne peuvent se découvrir lors d’un circuit en voiture de 3H30 environ. Néanmoins ce circuit peut se diviser en trois étapes.
Etape 1 (1 heure) : Cette étape débute à Oradour-Saint-Genest au nord du département. Dans le cimetière de la commune se dresse une lanterne des morts octogonale du XIIème siècle. Ensuite, il faut se rendre au Dorat. Après avoir admiré la collégiale Saint-Pierre, il y a à proximité un monument au mort représentant une lanterne. En empruntant la D942, puis la N145, et la D63 en direction de Saint-Amand-Magnazeix, vous rencontrez sur cette commune une lanterne des morts carrée du XIIIème siècle. Après avoir rejoint la D711, traversez Châteauponsac et par la D1, vous pourrez admirer à Rancon une lanterne circulaire du XIIème siècle qui marque l’emplacement de l’ancien cimetière.
Etape 2 (40 minutes) : La collégiale de Saint-Junien possède une tourelle octogonale qui servait de lanterne des morts. Il faut ensuite rejoindre la N141 puis se diriger vers Oradour-sur-Glane par la D101. La commune a conservé dans son cimetière une lanterne des morts carrée du XIIème siècle. Néanmoins, il manque le pavillon qui accueillait la lampe. Une seconde a été érigée au XXème siècle en mémoire des martyrs du village. Cette lanterne des morts moderne est en béton, mais elle témoigne de l’importance des lanternes dans la région. Par la D3 se rendre à Saint-Victurnien. Le cimetière abrite une lanterne carrée du XIIème siècle. Enfin, en allant à Cognac-la-Forêt par la D10, vous pourrez admirer une lanterne carrée du XIIIème siècle, toujours dans le cimetière.
Etape 3 (38 minutes) : Le circuit se termine par deux lanternes situées aux Cars et à Coussac-Bonneval. La première commune a ériger un monument aux morts représentant une lanterne. Il faut ensuite prendre la direction de Buissière-Gallant, puis rejoindre Saint-Yrieix par la D901. Traversez la ville et continuez sur la D901 jusqu’à Coussac-Bonneval. Sur une place publique, on peut y découvrir une lanterne octogonale du XIIème siècle.
Il est difficile en Corrèze de trouver des lanternes des morts comparable à celle de la Haute-Vienne ou de la Creuse. On peut néanmoins citer deux lanternes qui sont aménagées dans le contrefort d’une église. Elles se trouvent à Naves, non loin de Tulle, et à Ayen à l’est du département.
Il faut effectuer un trajet de 2H45 en voiture pour admirer les lanternes des morts de la Creuse. Il est possible de regrouper ces lanternes en deux étapes :
Etape 1 (30 minutes) : La première lanterne se trouve à Crocq. Elle se situe sur la Chapelle Notre-Dame de la Visitation. Cette chapelle fut appelée, de 1612 à 1741, chapelle du cimetière. En effet, le cimetière de la ville l’entourait jusqu’en 1834. Il faut ensuite rejoindre Felletin par la D10 pour apprécier une lanterne octogonale du XIIIème siècle, édifiée dans le cimetière. Enfin, en empruntant la D982, vous trouverez une lanterne des morts sur la chapelle du parc du Château de Mas Laurent à Croze. Cette chapelle provient de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Antoine à Saint-Frion. Elle a été déplacée à Croze au XIXème siècle.
Etape 2 (53 minutes) : A Saint-Goussaud, vous pouvez découvrir sur une place publique une lanterne carrée du XIIIème siècle. Il faut ensuite vous rendre par la D914 à Bénévent-l’Abbaye. L’église abbatiale, qui exprime la transition entre l’art roman et l’art gothique, porte une lanterne des morts à la croisée du transept. En rejoignant la D4, puis la D1, vous arriverez à la Souterraine. Une lanterne hexagonale, du XIIème siècle, s’élève dans le cimetière. Enfin la dernière lanterne est située dans le cimetière de Saint-Agnan-de-Versillat, accessible par la D1 depuis la Souterraine. C’est une lanterne hexagonale du XIIIème siècle.
Les lanternes se retrouvent souvent dans le périmètre des églises. On peut ainsi aisément découvrir dans un même secteur des lanternes des morts et des églises remarquables du Limousin.
© Un article de Valeen Barraud - Détours en Limousin
Crédits photos : OT Oradour sur Glane et Francis Bard - Wikimedia Commons
Publié le : 04 mai 2011
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